La beauté des autres

Publié le par Clémence Lorient

Comment font les autres, pour avoir cette sorte d'aura qui les distingue?

C'est la question que je me pose à chaque fois que l'observation de mes proches ou d'inconnus me renvoit à mon propre néant, au fait que je me perçoive à ce point ordinaire, barely noticeable. Je me suis souvent sentie comme une marre de boue au pied d'une vitrine remplie de pierres précieuses taillées d'un manière remarquablement précise.

J'ai l'impression que la vie a fait en sorte de m'entourer de gens extraordinaires, de gens admirables, rayonnants, chacun à leur manière mais d'une manière indéniable, alors que le seul don certain que je sens en moi c'est de voir, avec une acuité si forte qu'elle en est douloureuse, la beauté écrasante de ces personnes.

Parfois il s'agit d'une femme dans le métro, habillée avec un goût extrême et naturel à la fois, qui la démarque de la foule et attire irrémédiablement mon regard. Ce regard toujours mobile, toujours à l'affût, pour comprendre, pour apprendre, pour percer le secret de ce parfum unique dégagé par chaque autre que moi-même.

Parfois c'est un de mes amis que je regarde avec intensité, que j'écoute s'exprimer de tout son être sans plus entendre véritablement ses mots, m'efforçant de saisir d'où vient son charme, comment il parvient à dégager la générosité qui le caractérise, ou la sensualité, l'assurance, la grâce...qui le rend si unique.

Comment ont-ils fait pour trouver en eux ce qui est précieux? Comment ont-ils su l'extraire, le polir, le tailler?

J'aimerais tellement pouvoir recueillir dans les mots toutes ces fragrances de beauté dont ces personnes, proches ou inconnues, ont abreuvé mon regard. Je me sentirais alors devenir, à défaut de moi-même, du moins le receptacle d'une multitude d'autres.

Gustave Moreau, Galatée (1880)

Gustave Moreau, Galatée (1880)

Publié dans Écrire, Portraits

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