La méchanceté existe-t-elle?

Publié le

Francisco de Goya, Saturne dévorant un de ses fils (1819-1823)

Francisco de Goya, Saturne dévorant un de ses fils (1819-1823)

Il ne fait aucun doute que la méchanceté, la cruauté, et la perversité existent; nous en avons des preuves tous les jours.

Mais dans les conceptions morales les plus simples (contes pour enfants, films de divertissement, textes pseudo-religieux...), le méchant semble être ce qu'il est naturellement, et volontairement. Or quelqu'un peut-il être foncièrement mauvais? Depuis que la psychologie existe, il semble difficile de ranger simplement une personne dans la case "méchant", et les personnages qui apparaissent comme tels dans la littérature ou le cinéma sont vus comme des symboles auxquels on ne pourrait identifier qui que ce soit. Ils représentent l'idée du Mal, plus que des figures humaines, dans un monde schématique et simplifié. Prenons l'exemple d'un blockbuster bien connu, Titanic: Cal, le fiancé de Rose, n'est construit que par opposition à Jack Dawson, dans un univers très manichéen qui laisse peu de place à la psychologie, car le film n'en a pas besoin pour fonctionner.

Mais dans la réalité, un homme ne peut pas être simplement méprisant et cruel. Même les pires monstres restent tout à fait capables de se montrer aimables, séduisants, drôles, généreux...Ariel Castro était apparemment un voisin sympathique; un film comme La Chute met en scène aussi bien la folie que la bienveillance de Hitler envers son entourage.

Et surtout, il semble que la méchanceté puisse toujours être expliquée par la folie, l'ignorance, ou par des blessures enfouies et plus ou moins conscientes...

Dans le tableau de Goya, c'est d'ailleurs le regard de Saturne qui m'interpelle le plus: n'a-t-il pas l'air horrifié par l'acte monstreux qu'il est en train de commettre?

Mais alors, comment juger un homme? Comment peut-on rendre responsable qui que ce soit de ses actions, et le condamner en conséquence, comme s'il le méritait?

Parfois, le système judiciaire ne semble être qu'une solution de secours face à une entité pleine de flou et d'illusions...

Nul n'est méchant volontairement.

Socrate

Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font.

Evangile selon Saint Luc, XXIII, 44

Car je sais que le bien n'habite pas en moi, c'est-à-dire, dans ma chair: en effet, vouloir est à ma portée; mais accomplir ce qui est bon, je ne le puis.

Rom 7,19. Car je ne fais pas le bien que je veux; mais je fais le mal que je ne veux pas.

Rom 7,20. Or si je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui le fais; mais c'est le péché qui habite en moi.

Rom 7,21. Lorsque je veux faire le bien, je trouve donc cette loi: le mal réside en moi.

Rom 7,22. Car je me complais dans la loi de Dieu, selon l'homme intérieur;

Rom 7,23. mais je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte contre la loi de mon esprit, et qui me rend captif sous la loi du péché qui est dans mes membres.

Rom 7,24. Malheureux homme que je suis! qui me délivrera de ce corps de mort?

Rom 7,25. La grâce de Dieu, par Jésus-Christ notre Seigneur. Ainsi donc, moi-même je suis soumis par l'esprit à la loi de Dieu; mais par la chair, à la loi du péché.

Saint Paul, Epître aux Romains

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article